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Introduction par les députés Astrid Panosyan-Bouvet et Gérard Leseul, Co-présidents du groupe d’étude à l’Assemblée nationale sur l’ESS et la RSE

Madame la Députée Astrid Panosyan-Bouvet a souligné lors de sa prise de parole que l’écologie doit être abordée à travers le prisme de la sobriété et de la décence. Elle a mis en avant l’importance du réemploi solidaire, soulignant sa visée de solidarité et de création d’emplois locaux non délocalisables. Astrid Panosyan-Bouvet a noté que malgré les progrès réalisés grâce à des lois récentes telles que celles de 2020 et 2021, le potentiel du réemploi solidaire reste largement sous-exploité. Elle a également pointé du doigt le besoin d’un maillage territorial plus complet pour renforcer ce modèle économique émergent. Selon elle, l’aventure ne fait que commencer, et les réunions de travail en cours jouent un rôle crucial pour ouvrir des débouchés législatifs, réglementaires et culturels dans ce domaine.

« L’ESS, c’est de l’emploi, de la présence dans les territoires mais c’est aussi de la solidarité comme le montre ce moment. »

Monsieur le Député Gérard Leseul a noté l’importance de la sobriété et de l’économie circulaire, mettant en avant les amendements portés pour renforcer l’économie sociale et solidaire. Il a insisté sur le travail continu pour intégrer pleinement ce modèle d’entreprendre dans la législation et la reconnaissance institutionnelle. Il a également mis en lumière la nécessité d’un ancrage territorial fort, soulignant que c’est une préoccupation nationale essentielle pour assurer la visibilité de l’économie sociale. Enfin, il a rappelé que l’économie sociale est synonyme d’emploi, de présence locale et de solidarité, saluant ainsi l’engagement des acteurs comme l’Union pour le Réemploi Solidaire dans ce domaine.

Intervention de Florentin Letissier, Adjoint à la Mairie de Paris en charge de l’économie sociale et solidaire, de l’économie circulaire et de l’économie et de la contribution à la stratégie zéro déchet

Florentin Letissier souligne l’importance de cet évènement et de la création de l’Union pour le Réemploi Solidaire qui permet la rencontre de deux ambitions fortes, l’économie sociale et solidaire et l’économie circulaire. Selon lui, cette rencontre doit nous conduire collectivement à passer un cap supplémentaire dans le développement de nos sociétés et de nos modes de consommation.

« Les ressourceries ont un rôle citoyen majeur sur le territoire : évènements, lieux de rencontres, lieux de brassage social. Ce sont finalement des hauts de lieux de démocratie dans nos quartiers. »

En tant qu’élu local de la ville de Paris, Florentin Letissier souhaite rappeler trois points qui caractérisent le réemploi solidaire et font sa force :​​

  • La capacité de ce modèle à être fortement créateur d’emplois ;
  • Être une réponse à des enjeux sociaux forts grâce à un développement basé sur l’insertion par l’activité économique ;
  • Il est porteur d’une ambition démocratique forte car il est constitué de hauts lieux de mixité sociale.

Forte de ce constat, la Ville de Paris a largement soutenu le développement du réemploi solidaire. L’objectif initial, qui était d’avoir une ressourcerie généraliste par arrondissement, est aujourd’hui largement dépassé car l’investissement et les soutiens de la Ville ont permis le développement de 75 lieux de réemploi solidaire. La Ville a renforcé son engagement et son ambition puisqu’elle souhaite désormais mailler son territoire avec un lieu de réemploi solidaire accessible à moins de 15 min à pied, ce qui est en passe d’être atteint.

Photo de Florentin Letissier adjoint à la Mairie de Paris
Photo de Madame la Députée Astrid Panosyan-Bouvet et de Monsieur le Député Gérard Leseul

Intervention de Christophe Béchu, Ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires

Monsieur le Ministre s’est félicité que l’on puisse ici discuter d’économie circulaire, et en particulier de réemploi, dans une société où une grande partie des emplois de production ont quitté le pays et où on ne sait quoi faire de certains produits qu’on retrouve dans nos rayons.

« En venant vous rencontrer ce matin, j’ai aussi conscience que c’est une manière pour moi de rendre justice à des gens qui, avant les autres, ont montré que c’était moderne de faire allonger la durée de vie des objets et de les considérer. »

Par sa présence, il souhaite marquer une reconnaissance du rôle pionnier de l’économie sociale et solidaire en ce domaine, maillon de l’économie circulaire qui vient réparer des défauts du dispositif initial en termes de valeurs et d’emploi, et qui avant les autres a démontré la modernité de l’allongement de la durée de vie des produits.

Quand les pouvoirs publics s’emparent de ce sujet, que se créent des opportunités d’emplois et d’activité, que ces activités perçues comme marginales et originales deviennent un enjeu majeur, il est évident que des acteurs économiques s’y investissent. Néanmoins, le ministère de la transition écologique n’est pas seulement sensible aux taux de réemploi, mais bien aussi à la manière dont il est fait.

 » J’ai pu voir à quel point le réemploi permet de remettre des gens au travail. C’est une formidable occasion de générer du gisement d’emploi. »

Pour un changement du modèle économique, le ministre a précisé que nous devons donc utiliser ces métiers pour soutenir l’ESS et réinvestir ce qu’on gagne dans le capital humain. Dans ce sens, il a affirmé qu’il fallait donner des suites à une journée comme celle-ci, et a formulé une invitation pour organiser un temps miroir au Ministère.

« Si nous n’utilisons pas des métiers comme ceux-là pour soutenir l’ESS et un modèle dans lequel on réinvestit l’intégralité de ce qu’on gagne pour favoriser le capital humain, on passera à côté d’un changement de modèle d’économie. » 

Photo de l'événement de lancement de l'Union pour le réemploi solidaire
Photo de l'événement de lancement de l'Union pour le réemploi solidaire

Présentation de l’Union pour le Réemploi Solidaire par Valérie Fayard, Directrice générale adjointe d’Emmaüs France

Valérie Fayard, directrice générale adjointe d’Emmaüs France, est tout d’abord revenue sur l’historique et le contexte (loi AGEC et fonds réemploi) qui ont amené à la création de l’Union pour le Réemploi Solidaire. Elle a souligné les impacts économiques, sociaux et environnementaux générés par les acteurs du réemploi solidaire en France. Les 6 réseaux fondateurs de cette Union (ESS France, Emmaüs France, Envie, Réseau national des Ressourceries et recycleries, Heureux Cyclage et Coorace) représentent aujourd’hui 2 000 structures qui maillent l’ensemble du territoire français, mettent en activité 40 000 personnes en collectant 400 000 tonnes d’objets pour leur donner une seconde vie au bénéfice de plus de 7 millions de personnes.

Valérie Fayard a rappelé les valeurs défendues par les membres fondateurs de l’Union pour le Réemploi Solidaire (la non-lucrativité, l’emploi non délocalisable, la gouvernance partagée…) qui contribuent à promouvoir et concrétiser un modèle de réemploi solidaire. Contrairement au secteur lucratif, le réemploi solidaire prône la sobriété, lutte contre la surconsommation et offre des espaces de solidarité, d’échanges et de rencontres.

Ces valeurs et principes défendus par l’Union pour le Réemploi Solidaire se traduisent par des actions concrètes : d’une part de sensibilisation et de plaidoyer dans un contexte où l’arrivée des acteurs lucratifs fragilisent les acteurs historiques du réemploi et, d’autre part, la nécessité de développer des projets collectifs tels que la création d’une Ecole du Réemploi Solidaire, qui doivent défendre l’ESS tout en co-existant avec les acteurs lucratifs.

Les tables rondes

Le Réemploi Solidaire : un levier concret de transformation de la société

Photo de la prise de parole d'Anna Pineau et Pierre-Eric Letellier
Photo de la prise de parole de Mathilde Renault  et Catherine Mechkour Di-Maria

Cette table ronde regroupait :

  • Anna Pineau, Coordinatrice Prospective Déchets et Economie circulaire à l’ADEME ;
  • Catherine Mechkour Di-Maria, Déléguée générale du Réseau National des Ressourceries et Recycleries ;
  • Mathilde Renault Tinacci, Chargée de recherche, Ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports et Chercheure associée CERLIS-CNRS ;
  • Pierre-Eric Letellier, Coordinateur filières REP et plaidoyer de L’Heureux Cyclage.

La première table ronde de l’événement portant sur le réemploi solidaire comme levier concret de transformation de la société s’est ouverte sur une présentation des 4 scenarii de l’ADEME pour l’atteinte de la neutralité carbone de la France d’ici 2050 par Anna Pineau. Le scénario 1 « Génération frugale » qui mise sur la sobriété et le scénario 2 « Coopérations territoriales » qui met les citoyens au centre sont les plus compatibles au réemploi solidaire, en particulier parce qu’ils s’organisent à une échelle territoriale plus locale et qu’ils reposent sur une action citoyenne permettant une gouvernance partagée.

Catherine Mechkour Di-Maria a ensuite pris la parole pour souligner que les structures inventent un autre projet de société fondé sur “moins de biens, plus de liens” et qu’elles peuvent faire masse par leur archipélisation

Mathilde Renault Tinacci a fait noter que l’engagement bénévole des jeunes dans les associations environnementales était en hausse. Pour rendre compte des externalités positives, il est préférable de se saisir de l’approche évaluative de l’utilité sociale et non de la mesure d’impact qui pousse à un isomorphisme marchand.

Enfin, Pierre-Eric Letellier a insisté sur l’engagement citoyen fort que génèrent les associations. Elles constituent des lieux de vie où il est possible de se regrouper et de proposer des initiatives, permettant ainsi de réaliser le potentiel citoyen à rendre la société plus vertueuse. Ces initiatives citoyennes fonctionnent si elles ont le soutien des collectivités.

Quelle place pour le réemploi solidaire face à l’arrivée du réemploi lucratif ? L’exemple de la filière des équipements électriques et électroniques

Photo de Thomas Ladreyt, lors de sa prise de parole à l’Assemblée nationale.
Photo de Guillaume Balas et Nathalie Yserd lors de sa prise de parole à l’Assemblée nationale.

Cette table ronde donnait la parole à :

  • Guillaume Balas, Délégué général de la Fédération Envie
  • Nathalie Yserd, Directrice générale d’Ecosystem
  • Thomas Ladreyt, Délégué général adjoint d’Emmaüs France

Pour répondre sur la question de la place du réemploi solidaire face à l’arrivée du réemploi lucratif, Guillaume Balas a tenu à rappeler en introduction à cette table ronde que c’était justement l’objet de l’Union pour le Réemploi Solidaire de défendre le modèle du réemploi solidaire comme étant celui qui répond le mieux aux enjeux économiques, écologiques et sociaux de notre époque. Le secteur du réemploi doit être encadré et régulé, et l’ESS qui possède l’expertise et l’expérience nécessaires doit y rester centrale, ce qui n’empêche pas les coopérations avec les acteurs du lucratif, l’objectif final étant de réduire les déchets.

Nathalie Yserd éco-organisme spécialiste des équipements électriques et électroniques, a ensuite illustré le rôle que jouent les éco-organismes en tant que partenaires des acteurs du réemploi solidaire, notamment sur l’accès aux gisements. L’émergence d’une demande citoyenne sur le réemploi ne doit pas se faire au détriment de l’ESS, qui ne peut pas être une variable d’ajustement : il est nécessaire que la réglementation aille dans ce sens et que les éco-organismes accompagnent et donnent la priorité à l’ESS.

Pour conclure, Thomas Ladreyt a souligné l’importance de valoriser le modèle du réemploi solidaire, en particulier son rôle de cohésion sociale, le maillage territorial qu’il offre, le traitement de l’intégralité des flux collectés peu importe leur valeur et son travail de sensibilisation à la sobriété. Il est donc nécessaire de s’appuyer sur l’existant et de le développer : les collaborations avec le lucratif doivent porter sur les activités et les gisements que l’ESS ne traite pas déjà.

Quels modèles économiques pour le réemploi solidaire ?

Photos de Denis Dementhon et Emeline Baume de Brosses lors de sa prise de parole à l’Assemblée nationale.
Photo d'Aurore Médieu et Laurent Pinet lors de sa prise de parole à l’Assemblée nationale.

Cette dernière table ronde rassemblait :

  • Aurore Médieu, Responsable Transition écologique d’ESS France
  • Emeline Baume de Brosses, 1ère Vice-présidente de la Métropole de Lyon
  • Denis Dementhon, Directeur général de France Active
  • Laurent Pinet, Président du Coorace

Pour introduire les enjeux autour des modèles économiques du réemploi solidaire, Aurore Médieu, responsable Transition écologique chez ESS France, rappelle les intérêts partagés des collectivités territoriales et des structures de l’économie sociale et solidaire à développer des collaborations. En effet, l’appui des collectivités, notamment dans l’accès au foncier, permet de développer des activités solidaires qui contribuent directement à la mise en œuvre des politiques de prévention des déchets et à la création d’emplois non délocalisables dans les territoires. Ces enjeux partagés ont d’ailleurs donné lieu à l’une des premières revendications de l’Union pour le Réemploi Solidaire : la création d’un fonds réemploi unique avec une gouvernance partagée impliquant notamment les collectivités territoriales, et ce afin de financer et mettre en œuvre des politiques publiques de prévention des déchets ambitieuses.

Emeline Baume constate qu’il existe une demande croissante de seconde main mais l’offre a besoin d’être mieux mise en valeur. C’est une question d’investissement mais aussi de choix et d’orientation politique au niveau local, à l’image de la métropole de Lyon qui a fléché d’importants moyens financiers pour soutenir le développement du réemploi solidaire. Il existe par ailleurs de nombreux outils à disposition des collectivités pour accompagner le développement de structures en facilitant l’accès au foncier ou en permettant aux acteurs de l’ESS de répondre aux marchés publics.

« Il n’y a pas de raison que Zara ait une place en sortie du métro et pas une structure du Réemploi Solidaire. »

Denis Dementhon souligne que les dispositifs de financements doivent pouvoir s’adapter pour répondre aux besoins des structures de l’économie sociale et solidaire. Contrairement à certaines idées reçues, France Active constate que les projets portés par des structures non-lucratives ou à lucrativité limitée présentent moins de risque financier que certains projets lucratifs. Cependant, il est nécessaire d’avoir conscience que les critères et attentes de rentabilité ne peuvent être les mêmes que pour les projets de l’économie classique.

Pour conclure, Laurent Pinet est revenu sur la diversité des modèles économiques des structures composant l’Union pour le Réemploi Solidaire et qui constituent une force permettant au réemploi solidaire de s’adapter aux besoins et contraintes des territoires et de leurs habitants. Par cet ancrage territorial fort, les structures participent au diagnostic des enjeux locaux et à la co-construction de solutions qui répondent aussi aux enjeux de la transition écologique et solidaire comme la création d’emploi local, la structuration de filières de réemploi et l’accompagnement de publics éloignés de l’emploi.

Clôture

Photo de Jérôme Saddier, Président d’ESS France lors de sa prise de parole à l’Assemblée nationale.
Photo de Patrick Klein, Chef du secteur ESS lors de sa prise de parole à l’Assemblée nationale.

Intervention de Patrick Klein, Chef du secteur ESS – Direction Générale Marché Intérieur, Industrie, Entrepreneuriat et PME (DG GROW), Commission Européenne

Lors de sa conclusion, Patrick Klein, chef du secteur ESS à la Commission Européenne, a souhaité appuyer le déploiement de l’Union pour le Réemploi Solidaire en rappelant “qu’à rebours d’une logique lucrative, le réemploi solidaire pose la poursuite de l’intérêt général et de l’entraide au cœur de ses préoccupations” et que de fait, ces structures doivent être soutenues par les pouvoirs publics, et en priorité par la voie de la subvention. Ce dernier a notamment insisté sur le fait que les acteurs du réemploi solidaire doivent pouvoir faire entendre leur voix et ne doivent pas être considérés comme des variables d’ajustement et ce, au niveau national comme européen. C’est pourquoi monsieur Klein a conclu son discours sur la nécessité de faire avancer aussi les réflexions au niveau de Bruxelles et invite l’Union à se faire entendre jusqu’au niveau de la Commission Européenne.

Conclusion par Jérôme Saddier, Président d’ESS France

Pour cette dernière prise de parole, Jérôme Sadier, président d’ESS France, nous a rappelé que la création de l’Union pour le Réemploi Solidaire est un fait marquant pour l’histoire de l’ESS : pour la première fois, un consortium d’acteurs entièrement issus de l’ESS, et plus particulièrement du milieu associatif, se rassemble autour d’un enjeu sectoriel qu’est le réemploi. Cette alliance va permettre de se positionner à un pied d’égalité avec les autres acteurs du secteur et donner bien plus de puissance aux rapports de force qui se joueront dans les années à venir. Car, bien que l’économie circulaire constitue un enjeu d’ampleur pour notre société, “les structures du réemploi solidaire ne se contenteront pas des miettes”.

Toutes les informations sur le site dédié de l’Union pour le Réemploi Solidaire :

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